samedi 24 mars

après un passage à l'Intermarché de l'Isle sur Sorgue, nous voilà à Oppède le Vieux où le péage - parking n'est pas encore d'actualité...

Dans cette forteresse médiévale en éperon, les maisons des villageois se sont sédimentées au fil des siècles, entre château et remparts. Le vieux village d'Oppède a été abandonné au début du XXème siècle pour une installation en plaine. Seules les parties basses du village et quelques maisons accrochées au flanc rocheux sont habitées. L'église Notre Dame d'Alidon, depuis sa reconstruction au XVIème siècle, a été préservée. Partout ailleurs, intra muros, l'abandon, la végétation et le temps ont mené la vie dure aux vestiges des maisons dont l'architecture de pierre est remarquable.


Les structures villageoises intra-muros d'Oppède sont établies au début du Moyen Age. Les creusements de la roche mère sur lesquels les maisons sont bâties sont encore visibles. Le réseau actuel des rues est installé sur ces premiers aménagements du site.

Possédé d'abord par divers seigneurs, il devient propriété papale en 1274. Le castrum modeste devient un bourg important en dialogue avec les deux villes du voisinage, Apt et Cavaillon. Sa population atteint environ 900 habitants au XIVème siècle. Dominé par son château et son église, défendu par son rempart, le bourg occupe tout le flanc du piton. Le bâti y est très dense, les rues étroites. C'est la période de plus grande prospérité du village.

Le XVIème siècle est un moment important pour Oppède, même si les traces en sont peu nombreuses sur les façades des maisons. L'église est reconstruite, le château est agrandi et fortifié. A l'époque trouble des guerres de Religion, le rempart est enrichi de nouveaux ouvrages. La fin du siècle voit le tout début de l'essaimage des oppédois dans la plaine et de la création du faubourg devant la porte principale et le long de l'accès originel au village par Sainte-Cécile. Le fief papal passe aux mains des barons d'Oppède, personnages importants du parlement d'Aix-en-Provence et dont le plus célèbre orchestrera le massacre des vaudois en 1545.

aire de battage
aire de battage

L'évolution notable, aux XVIIè et XVIIIème siècles, est l'extension du faubourg dont la rue pricipale, la rue Sainte-Cécile, reste l'accès majeur au village. Le château tombe alors progressivement en désuétude et lorsqu'il subit le tremblement de terre de 1731, il est déjà abandonné. Il commence alors son existence de carrière de pierres....

Le haut du village est lui aussi peu à peu déserté... mais quelques maisons sont reconstruites ou réaménagées intra muros. Le déperchement est déjà bien avancé et l'essentiel du développement se fait en bas, dans la plaine... avec une population d'environ 1300 habitants, ce qui est peu relativement aux villages voisins.

En 1909, la mairie est déplacée vers le nouveau chef-lieu. Le vieux village est déserté.

Cependant un esprit d'occupation de ces lieux abandonnés va inspirer de nouveaux venus qui reprennent en main le village. Peu à peu, les maisons du front bâti sont réhabilitées, le vieux village reprend vie. Certains se lancent dans la reconstruction de maisons accrochées au flanc du piton et quelques uns parviennent à leurs fins.

 

 

Nous arrivons à Ménerbes en début d'après midi: construit sur un éperon rocheux, c'est une véritable place forte à remparts et murs de soutènement impressionnants.

Place forte à l'époque des Romains, puis frontière sud du Comtat Venaissin, territoire des Papes, Ménerbes est aujourd'hui un village agricole, viticole avec une tradition industrielle liée à l'extraction de la pierre.

Les protestants détenaient le village au XVIème siècle. 

remarquer les gargouilles en fût de canon...
remarquer les gargouilles en fût de canon...


Juste à côté, nous voici à Lacoste. Edifié sur un site remarquable, le village doit en partie sa réputation à la grande qualité de la pierre calcaire extraite des ses carrières... 

le château de Sade
le château de Sade
devant le château
devant le château

Il faut monter vers les ruines du château du marquis de Sade, édifié au XIIème siècle, modifié au XVIIème, puis pillé et détruit à la Révolution...


le beffroi et son campanile (XVIIIème)
le beffroi et son campanile (XVIIIème)

le baptistère
le baptistère

Lacoste, fief protestant, a subi pendant les guerres de Religion une forte répression catholique notamment orchestrée par Bonnieux.

 

Histoire des Vaudois du Luberon

Ce sont des disciples de Valdès, un riche marchand lyonnais qui décide de vivre pauvrement vers 1170. Il prêche l'Evangile en langage populaire et l'applique à la lettre.

Refusant le serment, le mensonge, la peine de mort et la richesse, les Vaudois, prêcheurs laïcs, sont déclarés schismatiques (1184), puis hérétiques (1214) pour leur négation du purgatoire.

Pourchassés et clandestins, ils se dispersent en Europe.

En France, fixés dans le Dauphiné et le Luberon, ralliés à la Réforme en 1532 (date de la rupture de Luther avec Rome), ils subissent les pires persécutions.

Le village de Mérindole est surnommé la Genève Provençale.

En 1540, le Parlement de Provence relance, par son "arrêt de Mérindole", la persécution qui aboutit le 18 avril 1545 à l'extermination de la population et à l'incendie du village.

Jean Meynier, baron d'Oppède et 1er président du parlement de Provence, chargé seulement d'une éxécution de justice contre quelques condamnés à mort hérétiques, transforme l'expédition en véritable massacre : 9 villages incendiés, 18 localités pillées, 3000 morts et 660 hommes envoyés aux galères...

Le procès de cette expédition aura lieu en 1551 mais aucun des accusés ne sera condamné.

Cabrières d'Avignon, entièrement vaudoise, fut la dernière place forte prise par les armées royales et pontificales.

 

Retour au présent, en route vers Bonnieux.

 

Bonnieux est situé sur le versant nors du Luberon, à l'estème ouest du plateau des Claparèdes, perché et entouré de remparts des XIIème et XIVème siècles.

Au sommet de l'éperon se trouvait le castrum médiéval.

 

 

Bonnieux, vu de Lacoste


un peu d'histoire : La forêt des cèdres à Bonnieux

La forêt des cèdes du Petit Luberon constitue une zone historique de réalisations forestières. Ce peuplement est semé à partir de 1861 grâce à des graines récoltées dans le Moyen Atlas Algérien (Cedrus Atlantica). Les premiers arbres arrivés à maturité ont commencé à se reproduire vers 1920; ces cèdres de la deuxième génération, ayant entre 65 et 75 ans, ont occupé les espaces laissés libres par leurs aînés. Dix ans plus tard, on notait 60 hectares. A ce jour, la cédraie forme un massif de 250 ha répartis entre les communes de Bonnieux, Lacoste et Ménerbes.

 

La molasse composant le plateau est une pierre gélive qui se délite naturellement en surface. Les paysans ont toujours ramassé ces pierres dans leur champs pour améliorer la terre et les ont accumulés en gros tas appelés "clapas", d'où le nom du plateau.

Les plus belles pierres servaient à construire les bories, les autres étaient utilisées pour les murets entre parcelles.

nous nous garons au pied d'un rempart
nous nous garons au pied d'un rempart
et comme nous n'avons pas les ailes de ce pigeon irrespectueux,
et comme nous n'avons pas les ailes de ce pigeon irrespectueux,
nous nous chauffons à nouveau les mollets
nous nous chauffons à nouveau les mollets



 

L'employée de l'OT nous précise bien qu'à la différence du village des Bories, cet enclos n'a pas été "reconstruit", mais simplement maintenu dans son état naturel. Il comprend des aires de battage, des bories, bien sûr, des aiguiers, des parcs pour animaux, des ruchers, un caniveau de récupération d'eau, un puits entièrement creusé dans la roche...

 

Mais nous n'avions pas l'intention de nous y rendre... et d'abord, il faut retrouver le cc...

Où est donc le rempart ???

 

 

Nous roulons maintenant vers le sud par la combe de Loumarin qui sépare petit et grand Luberon.

Au vrai sens du terme, il s'agit d'une cluse puisqu'elle entaille le pli du Luberon à la perpendiculaire. Dans ce creux coule l'Aiguebrun, seule rivière permanente du massif...

Au bout de la combe s'élèvent deux grandes falaises de molasse, zones protégées pour la nidification des rapaces. La molasse est un calcairegréseux autrefois largement utilisé en matériau de construction (pont du Gard...). Elle est appréciée de nos jours pour la rénovation des monuments, les cheminées, les dallages ou encore les sculptures... Sur le parc du Luberon, 9 carrières sont encore exploitées.

 

Nous sommes donc dans le pays d'Aigues cerné au nord par le Grand Luberon et au sud par la Durance dans laquelle se jette l'Eze, principal cours d'eau du pays.


C'est un lyonnais, Robert Laurent-Victor qui achète et rénove le château en 1920.

Le château actuel consiste en deux corps de bâtiments reliés par une haute tour carrée : le Château Vieux (XVème s) et le Château Neuf (XVIème s) influencé par l'architecture du Val de Loire.

Le château est déjà fermé à la visite pour cause de concert, mais on nous laisse pénétrer dans la cour le temps de quelques photos.

le château et le temple
le château et le temple


Pour la nuit, c'est le FP de Cucuron qui nous accueille... assez froidement : le propriétaire semble en pleine négociation lorsque notre arrivée l'interrompt...

Malgré cela, les caillebotis installés sur l'aire témoignent d'aimables attentions...

 

dimanche 25 mars

 

C'est le jour du changement d'heure... A-t-on dormi 1heure de plus ou de moins ?? pfff

Le principal, c'est que le ciel est radieux... nous ne sommes qu'à 35 km de la mer...

A peine quelques kilomètres à faire pour rejoindre Ansouis. Grimpette vers le château... mais il est fermé!

 Il est habité depuis mille ans par la famille de Sabran. La plupart des bâtiments date des XIIème à XVème siècles tandis que le corps du logis est du XVIIème s. 



La paroisse d'Ansouis apparait dans les textes vers la fin du XIème siècle comme une dépendance du chapitre cathédral d'Aix, dont elle constitua jusqu'à la Révolution l'une des principales prébendes. L'édifice actuel peut difficilement être daté en l'absence de textes précis, mais n'est probablement pas antérieur à la fin du XIIIème siècle, car il est adossé à l'intérieur de la première enceinte urbaine, dont la courtine lui sert d'élévation antérieure et dont les archères ont alors été murées.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage à la Tour d'Aigues... aucune possibilité de se garer, donc Francine prend des photos du château incendié en 1792 en roulant autour du parking...


la porte Triomphale ornée de pilastres corinthiens
la porte Triomphale ornée de pilastres corinthiens

Nous accèdons ensuite à Grambois par une petite route tournant autour de sa colline. C'est la sortie de la messe, nous ne trouvons à nous garer qu'au milieu d'un lotissement proche du centre...


La place principale est bordée par l'église et le château (ancienne maison curiale transformée au XVIIIème siècle)

un peu d'humour
un peu d'humour
religieux
religieux

Nous allons vers le N6E par la D956 et arrivons à Montfuron dominé par son moulin qui fonctionne encore les samedi après midi si le vent le permet. Il date de 1640, au début du règne de Louis XIV !

A Montfuron, les calcaires en plaquettes sont souvent bitumineux. Parfois des gouttes de bitume suintent des fissures. Ils sont également très durs, soudés par des couches de silex. Les fossiles que l'on y trouve sont remarquablement conservés.


nous passons ensuite au pied de Reillanne...


Les légions romaines ont occupé la région et créé la Via Domitia par où, plus tard, ont déferlé les invasions barbares. Les vestiges du château médiéval attestent du rayonnement régional de premier plan de Reillanne au Moyen Age.


Nous voici ensuite à Simiane la Rotonde et son donjon circulaire, le plus ancien de Provence (1200).

le village
le village
le donjon (19 m de haut) et sa tour de guet
le donjon (19 m de haut) et sa tour de guet
salle romane à 12 arcatures ornées de visages sculptés. Sa coupole (5m de haut) est percée d'un occulus bordé d'une couronne sculptée
salle romane à 12 arcatures ornées de visages sculptés. Sa coupole (5m de haut) est percée d'un occulus bordé d'une couronne sculptée


Un étage est aménagé en laboratoire de distillation de lavande, une autre salle est consacrée à une exposition sur les verreries du Luberon.

le clocher St Jean (1585) sur la place du Four
le clocher St Jean (1585) sur la place du Four

Les Romains profitaient déjà des qualités aromatiques de la lavande en parfumant leurs vêtements et leurs bains. Au Moyen Age, ses pouvoirs désinfectants étaient reconnus et on en faisait des fumigations destinées à combattre la peste. Dans les hôpitaux français, on utilisa pendant plusieurs décennies les huiles essentielles, dont celle de la lavande, pour désinfecter l'air et enrayer ainsi les infections microbienne et fongiques.

 

Nous reprenons la route vers Rustrel et passons devant le Colorado Provençal. Ce site s'étend sur plus de trente ha, mais le parking annoncé est payant (4€ pour les voitures, 10 € pour les CC, en fait 6€ car basse saison)). Nous nous contenterons de cartes postales.


Mais en reprenant la route, nous parvenons à découvrir quelques points de vue...


Cette zone siliceuse accueille pin maritime, bruyère à balais et bruyère commune, très sensibles aux riques d'incendie...

 

Nous renonçons à chercher un accueil FP: celui de Revest du Bion  est fermé de mars à juin... et optons pour Saignon et sa balade jusqu'au rocher de Bellevue, fort éventé...

Saignon est installé sur le plateau des Claparèdes, adossé au Grand Luberon.

Saignon...
Saignon...


attention au vertige....



Nous décidons de passer la nuit sur ce grand parking quasi-vide... malgré la floraison de panneaux d'interdiction de camping et de caravaning sur toute la commune...

Espérons que la chance nous sourira mieux que le ciel si gris qu'il finit en pluie...

 

 

La taille maximum a été atteinte pour ce sujet...

alors suite sur "Luberon - Gorges du Verdon du 26 au 30 mars 2012"!